Les produits et les conditions de travail dans des ongleries asiatiques sont réputés douteux. Et ce ne serait rien, comparé à des pratiques encore plus choquantes : trafic d’êtres humains et exploitation économique.
A Bruxelles, les ongleries asiatiques qui s’installent sont de plus en plus nombreuses. Une des raisons de leur succès : des tout petits prix. Ce qui pose question, ce sont les travailleurs, au noir ou en situation illégale, qui travaillent dans ces ongleries.
« C’est le nouvel esclavage moderne. » résume pour nous Sophie Jekeler, présidente de la fondation Samilia, qui lutte contre toutes les formes de traites d’êtres humains. Derrière le vernis de ces bars à ongles, la réalité ne serait en effet pas toujours belle à voir. En plein cœur de la capitale européenne, Bruxelles, des ongleries asiatiques se sont installées côte à côte par dizaines. Elles investissent maintenant aussi d’autres villes du royaume, comme Namur ou Liège. La raison de leur succès : des prix cassés.
L’emploi de travailleurs non déclarés et en situation illégale expliquerait ces tarifs bon marché, comme nous l’explique Bruno Devillé, inspecteur à l’ONSS, l’Office national de sécurité sociale, attaché à ce dossier « des ongleries asiatiques » depuis sept ans : « Ce dont on est certains, maintenant, c’est que ces personnes-là sont des migrants mais déjà qui migrent dans le cadre d’un trafic organisé par des bandes criminelles. Il faut savoir que dans les 39 morts d’Essex, 39 migrants retrouvés morts dans un camion, quelqu’un était passé par ces ongleries, ça, on en a la preuve. » Une fondation de lutte contre la traite des êtres humains, la fondation Samilia, parle d’esclavage moderne. Elle a même fait de cette question une campagne pour sensibiliser les consommateurs belges, intitulée « Sous le vernis, l’exploitation humaine. » Sophie Jekeler, présidente de la fondation Samilia, nous parle du phénomène des ongleries asiatiques qu’elle connaît bien : « La première chose, on confisque les passeports. Deuxième chose, on les menace et on menace leurs familles restées au pays de sévices assez graves. Ils ne parlent pas la langue. Ils n’ont pas d’autres points de chute. Ils sont logés où ils sont exploités. » L’argent qu’ils rapporteraient partirait en grande partie vers leur pays d’origine. « Les gens qui migrent vers l’Europe créent des dettes au Vietnam, donc, on est entre, pour donner une fourchette, 20.000 et 50.000 euros de dettes et ils doivent les rembourser. » nous explique Bruno Devillé, inspecteur à l’ONSS.