La Fondation Samillia a reçu le Premier Prix, dans la catégorie des « organisations actives dans le secteur à profit social », du concours Video Experience Day de l’AP Hogeschool Antwerpen pour son court-métrage dédié à la traite des êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle et, plus particulièrement, à la thématique des Lover boys
Ce court-métrage qui a été réalisé par Agustin Eguia et produit par la société belge de production 87 seconds avec le soutien de Wallonie-Bruxelles International et du Service de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, est destiné à être utilisé dans le cadre d’une vaste campagne de sensibilisation à la traite des êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle qui sera lancée au mois de septembre 2020.
Un teaser de ce court-métrage est néanmoins rendu disponible, dès aujourd’hui, sur les réseaux sociaux de Samilia.
Samilia souligne la nécessité qu’il y a de mieux prévenir et protéger les victimes potentielles de traite aux fins d’exploitation sexuelle, qui sont recrutées au moyen de techniques de manipulation diverses. La technique de recrutement illustrée dans le court-métrage, plus connue sous le nom de « phénomène du lover boy », reste de nos jours un piège habile largement exploité par les trafiquants d’êtres humains.
Le phénomène du lover boy agit comme un leurre par lequel les trafiquants d’êtres humains séduisent et exercent, sur des jeunes-femmes fragiles, souvent en perte de liens familiaux et en voie de décrochage scolaire, un lien d’emprise amoureuse au moyen de promesses liées à la perspective d’un avenir romantique et illusoire, pour mieux l’acheminer ensuite dans les réseaux liés à la prostitution. Après quelques semaines d’idylle, le lover boy lui demandera de se « sacrifier » en se prostituant au prétexte problèmes financiers temporaires ou de la nécessité de constituer un capital pour réaliser le « rêve commun » du couple. Prises dans une véritable spirale de dépendance psychique et affective, les jeunes-femmes concernées sont peu conscientes de leur condition de victimes de la traite des êtres humains et éprouvent le plus grand mal à en sortir. Il est, du reste, très commun qu’un proxénète lover boy ait plusieurs filles qui « travaillent » pour lui dans la prostitution organisée, lui permettant de tirer des revenus considérables de son activité criminelle.
Le phénomène des « lover boys » est largement répandu dans les pays de l’Est, comme la Roumanie qui est l’un des principaux vecteurs de victimes de la traite des êtres humains en Belgique.
L’actualité démontre toutefois que le piège du lover boy est désormais utilisé à l’encontre de jeunes-filles résidant en Belgique et en France, comme en atteste notamment l’arrestation par la police en janvier 2020 de plusieurs membres d’une bande bruxelloise qui exploitaient sexuellement plusieurs jeune-filles via des annonces mises en ligne et à qui l’une d’entre elles avait été vendue par son « petit-ami » au réseau.
Suite à la crise sanitaire et économique provoquée par le Covid-19, qui a de nombreux impacts sur l’accroissement de la précarité et du décrochage scolaire, la Fondation Samilia redoute que l’isolement social de certaines jeunes-filles constitue une aubaine pour les trafiquants et aboutisse à une augmentation inquiétante de la traite des êtres humains, notamment aux fins d’exploitation sexuelle.
De ce fait, l’information du public et la prévention opérée à destination des publics à risques sont indispensables pour lutter efficacement contre cette forme de criminalité et de violence sexuelle, comme le préconisent d’ailleurs les obligations européennes et internationales mises à charge de la Belgique en matière de lutte contre la traite des êtres humains.
Avec le soutien du WBI, du service culture de la Fédération Wallonie -Bruxelles et de 87seconds et de la campagne ‘ Blue Heart’ de l’UNODC