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2022 – Campagne de sensibilisation à l’exploitation économique et domestique

2022 – Campagne de sensibilisation à l’exploitation économique et domestique

Croyez-vous être victime de traite ?

INDICATEURS PRINCIPAUX
d'une situation de traite :

  • Pas (ou presque pas) payé.e pour le travail fait.
  • Est insulté.e ou menacé.e – subit des violences physiques et psychologiques et/ou sexuelles.
  • Travail 7j/7 ou presque – et est parfois enfermé.e, séquestré.e.
  • Isolé.e, n’a pas ou peu de contacts sociaux.
  • Documents d’identité et/ou téléphones confisqués.
  • Sous le contrôle ou l’emprise de la personne pour qui il/elle travaille.
 

La traite à des fins d'exploitation économique et domestique.

De quoi s'agit-il exactement ?

La traite des êtres humains est la troisième plus grande forme de trafic dans le monde, après la drogue et les armes. Son marché est estimé à 150 milliards de dollars annuel. D’après le Global Slavery Index, cette forme d’esclavage moderne touche 40 millions de personnes par an. En Belgique, les estimations de cet Index Global portaient le nombre de victimes à 23000 victimes en 2018, alors que la traite des êtres humains reste un phénomène toujours en pleine expansion. La plus grande part des victimes forme donc un énorme chiffre noir.

L’affaire Boréalis témoigne du fait que l’exploitation économique se joue à nos portes, ne se limitant pas à la traite sur des chantiers situés dans des pays non démocratiques tels que le Qatar. Cette préoccupation devrait être considérée comme prioritaire à l’agenda politique, tant la traite des êtres humains s’accroît à la faveur de guerres et/ou de crises accentuant une précarisation croissante de la population.

Le secteur du nettoyage n’est pas épargné : des victimes de traite des êtres humains sont recensées parmi les femmes d’ouvrage à domicile, les technicien-nes-s de surface dans l’industrie et en entreprises, les laveurs/laveuses de vitres, le personnel de maison de diplomates étrangers…  ou encore certaines « filles au pair ». Cette réalité fut démontrée par le travail d’investigation du journaliste Frédéric Loore dans le secteur du nettoyage, récompensé en 2021 par le « Prix Samilia ». ( vous pouvez retrouver plus de vidéos en bas de page )

Qui sont les victimes ?

La plupart des victimes sont des personnes vulnérables, souvent sans-papiers. Impayées pour le travail accompli, sous l’emprise de leur employeur, les passeports des victimes sont parfois confisqués, d’autres étant séquestrées et faisant l’objet de violences physiques, psychologiques et sexuelles. Dans tous les cas, l’exploitant s’enrichit au dépend de la santé des victimes, de leur intégrité physique et mentale, de leur dignité humaine et de leurs droits. La peur des représailles est d’autant plus forte chez les victimes qu’elles sont isolées socialement, méconnaissent la langue du pays et la loi.

Enfin, la sous-traitance, très active dans de nombreux secteurs, favorise le développement de filières de main d’œuvre opaques, tandis que les faibles moyens financiers et humains alloués à la lutte contre la traite en Belgique peinent à détecter le plus gros des victimes et à punir efficacement les trafiquants.

Nos outils de sensibilisation dans cette campagne

Le 18 octobre, journée européenne de la lutte contre la traite des êtres humains, s’organise une journée de sensibilisation, voici les différents outils utilisés pour conscientiser le grand public à cette thématique :

            ▪   Affichage dans 160 valves des 16 stations les plus fréquentées du réseau STIB du 15 au 18 octobre à Bruxelles

            ▪   3 prestations artistiques d’une quinzaine de minutes réalisées par deux actrices et un acteur dans l’espace public. Une mise en scène illustrera des indicateurs de traite vécue par une nettoyeuse domestique et une employée d’une société de nettoyage industriel. Une musique climax et un décor sobre mettront en avant-plan la performance. Les prestations auront lieu : place du Luxembourg (13h-13h30), place Rogier (14h30-15h) et place de la Monnaie (16h-16h30)

            ▪   Distribution des produits de nettoyage avec une étiquette comprenant un « warning » de sensibilisation sur la thématique, conformément à une recommandation prioritaire de Myria (Rapport 2020 sur l’exploitation domestique). Or, les géants de la fabrication et de la distribution de produits ménagers sont toujours peu sensibilisés à la thématique.

  Enfin, des centaines de flyers de sensibilisation seront distribués en partenariat avec la Ligue des travailleuses domestiques.

La CSC Bruxelles,Le Comité des travailleurs sans papiers ou la Ligue des travailleuses domestiques est là pour accompagner les travailleurs ou travailleuses sans papiers et des victimes d’exploitation et d’abus de la part de leurs dirigeants dans l’optique de défendre leurs droits .

Le Comité des travailleurs sans papiers ou la Ligue des travailleuses domestiques organisent des actions pour améliorer la situation des sans- papiers et faire changer les lois pour obtenir un droit de séjour.

L’ensemble du matériel de campagne utilisé porte un code QR renvoyant vers le site de Samilia, comportant des compléments d’information et les numéros de téléphone utiles aux victimes.

 

CODE QR

Produit ménager distribué   dans le métro

https://dossiers.parismatch.be/trous-noirs-dans-lunivers-du-travail/

Extrait de témoignage :
Exploitation domestique chez une diplomate : Tamara, victime de traite

« Le travail au noir n’est pas le métier le plus vieux, mais le plus dégradant au monde « 

« Tamara, 45 ans, sans famille, est originaire d’un pays non européen, que nous tairons pour la préserver. En 2003, elle débarque en Belgique dans les bagages d’une diplomate, engagée sous contrat par cette dernière pour être la nourrice de sa fille durant les trois années de son affectation à Bruxelles. En 2006, au terme de la mission diplomatique de sa patronne, elle fait le choix de ne pas repartir. Se retrouvant à la rue, en séjour irrégulier et sans moyens de subsistance, elle apprend par une connaissance qu’un couple fortuné est à la recherche d’une domestique et qu’ils « ne sont pas du genre à poser des questions ». En effet, ils n’en poseront pas : « Ils savaient que je n’avais pas de papiers, mais ça ne les gênait pas. Je n’étais pas la première. Madame m’a dit qu’elle me prenait sans contrat, pour 1 000 euros par mois. En échange, je devais me charger de la cuisine et de l’entretien. Il y avait déjà un majordome africain qui vivait dans une dépendance, c’était immense. J’ai accepté », rapporte Tamara. »

Le premier accueil est plutôt souriant. Mais la jeune femme est bien vite réduite à l’état de bonniche : « Je travaillais du matin au soir, tous les jours, le week-end compris. Je me levais tôt pour leur préparer le petit déjeuner et je me couchais tard après avoir dû nettoyer, lessiver, repasser, cuisiner et m’occuper de monsieur, qui n’était pas en très bonne santé et vivait retiré dans une aile de la maison. Madame était très sévère avec moi. J’étais logée sous les toits, dans une chambre totalement vide. On aurait dit une cellule. Je me sentais d’ailleurs prisonnière. »

La propriétaire des lieux effectue plusieurs séjours en Italie. En son absence, Tamara a pour ordre de ne sortir sous aucun prétexte, de ne pas utiliser le téléphone, de nourrir les deux chiens et de veiller sur le mari. « Je ne savais jamais quand elle allait rentrer. Elle laissait de la nourriture pour les chiens et pour monsieur, mais rien pour moi. Je me trouvais devant un frigo vide et je jeûnais pratiquement, parfois plusieurs jours d’affilée. »

Au bout d’un bon mois de ce régime, Tamara se dit que le prix de sa liberté retrouvée vaut le risque de retourner dans la rue. Profitant d’une nouvelle absence de la mégère, elle décide donc de réclamer son dû et de tirer sa révérence. « J’ai été voir monsieur, je lui ai dit que je partais et j’ai demandé les 1 000 euros promis pour le mois de travail. Il m’a répondu qu’il ne me devait rien. J’ai insisté. Il a ouvert son portefeuille et m’a donné 150 euros. J’ai compris que je n’obtiendrais rien de plus. J’étais coincée de toute façon. J’ai pris l’argent et le majordome m’a emmenée à Bruxelles avec ma valise. Par la suite, je n’ai plus jamais eu de leurs nouvelles. Mais j’imagine que d’autres ont vécu la même chose après moi. »

 

Extrait de témoignage :

Exploitation économique , dans une société de laveurs de vitre ;

Levan, travailleur de l'ombre 

Levan (prénom d’emprunt) en sait quelque chose. Géorgien, la trentaine, il a grandit dans une région frontalière de la Turquie. Voici deux ans, il décide de rejoindre un cousin installé en Belgique. La promesse d’un possible emploi le pousse à laisser derrière lui sa famille et, espère-t-il, les jours noirs.
À son arrivée à Bruxelles, le réel le rattrape et ses rêves d’eldorado européen s’évanouissent. Les semaines puis les mois passent. Son visa touristique arrive à expiration et Levan se retrouve sans droit de séjour. Le Covid fait son apparition et son horizon se rétrécit soudain.
Acculé, il se voit proposer un deal, un jour, autour d’une tasse de thé à la terrasse d’un bistrot de la « Petite Anatolie ». Il raconte, malgré la loi du silence qui prévaut dans son monde : « Une connaissance turque qui gère une société m’a proposé un job de laveur de vitres. Comme j’étais sans-papiers, il m’a dit que je devais travailler sous le nom d’un de ses ouvriers à qui je ressemble et qui possède un permis de séjour en règle. Je ne connaissais rien à ce métier, mais j’ai accepté, pas le choix. » Le récit de Levan est impossible à objectiver, mais ce qu’il relate renvoie à la technique bien connue de fraude à la physionomie, dite du « lookalike », qui consiste à jouer sur la ressemblance physique entre deux individus pour déjouer les contrôles. « Ça fait plus d’un an que je fais ça maintenant. Je travaille un peu partout, à Bruxelles et ailleurs. Parfois la nuit. C’est très fatigant. Le gérant me donne 800 euros par mois en cash. J’ai peur des contrôles mais, jusqu’ici, j’y ai échappé. »
L’histoire de Levan témoigne d’une volonté de frauder manifeste dans le chef de ceux qui l’exploitent. « Dans ce domaine, nous avons de toute évidence affaire à un système bien organisé », acquiesce Sibille Boucquey. « Cette organisation est souvent de type familial. Maintenant, est-elle aussi criminelle selon la définition qu’en donne le Code pénal ? On a des raisons de le croire dans certains cas, mais il faut le prouver, et c’est là toute la difficulté. »

Extrait de témoignage :

Exploitation domestique , jeune fille au paire ;

Anna, fille à tout faire

Des millions de victimes à travers le monde
Des milliards de bénéfices pour les trafiquants

Selon, le Global Slavery Index mondial on estime à 40,3 millions de personnes victimes de traite dans le monde .
Cela fait de cette pratique criminelle la plus rentable après le trafic d’armes et le trafic de drogue.

source: https://www.globalslaveryindex.org/2018/findings/global-findings/

Pour faire un don :

Rendez-vous sur le site de la Fondation Roi Baudouin en cliquant sur le lien ici ou ci-dessous :

Les amis de la fondation Samilia

 (déductible à partir de 40 Euros)

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